Projet Amazones II : Quand les femmes tracent la voie du changement en Côte d’Ivoire

CPGRL Autonomisation, Projets juin 9, 2025

En Côte d’Ivoire, une révolution silencieuse mais puissante est en marche. Depuis mars 2023, le projet Amazones, porté la Coordination des Promoteurs de Groupes des Régions de la Lagune (CPGRL), en collaboration avec CARE Côte d’Ivoire et le Ministère de la Cohésion Nationale, œuvre à transformer la vie de milliers de femmes à travers un levier simple et ancestral : la solidarité.

Basé sur la mise en place d’Associations de Valorisation d’Epargne et de Crédit (AVEC), le projet a déjà permis, au cours de sa phase pilote, de structurer un réseau de femmes leaders, appelées les Amazones, qui accompagnent d’autres femmes sur le chemin de l’autonomisation économique. En un an, ce sont 2 281 AVEC, 57 025 membres (dont 87 % de femmes) et plus de 200 000 USD d’épargne qui ont été mobilisés dans 23 régions du pays.

Une nouvelle phase portée par l’ambition d’aller plus loin

Lancée en juillet 2024, la phase II du projet, baptisée Amazones II, ne se contente pas de capitaliser sur les acquis. Elle vise à les étendre, les renforcer et à garantir la qualité des groupes créés. Elle repose sur une conviction forte : les femmes ne doivent pas seulement participer au développement de leur communauté, elles doivent en être les piliers, les architectes, les leaders.

Et déjà, les premiers résultats sont éloquents.

En six mois, plus de 1 000 nouvelles AVEC ont vu le jour, réunissant plus de 28 000 membres, dont près de 23 000 femmes. Un chiffre impressionnant qui témoigne de l’adhésion massive des communautés à cette approche participative et inclusive.

L’autonomisation, au-delà de l’épargne

Mais le projet ne s’arrête pas à la création de groupes d’épargne. Il accompagne les femmes dans la création d’activités génératrices de revenus (AGR), leur apporte des formations en gestion, les aide à développer des plans d’affaires viables et même à accéder à des marchés.

L’initiative a ainsi permis à 127 femmes de se lancer dans la production et la commercialisation de 24 tonnes d’attiéké, exportées grâce à un partenariat. D’autres membres ont mis en place des micro-entreprises innovantes comme la location d’ustensiles communautaires, ou encore la fabrication de serviettes périodiques réutilisables, qui répond à la fois à un besoin sanitaire crucial et à un enjeu de justice de genre.

Ces AGR ne sont pas anecdotiques : elles génèrent des revenus concrets, créent des emplois locaux (plus de 30 à ce jour) et renforcent le leadership économique des femmes dans des secteurs longtemps réservés aux hommes.

Mentorat et passage de relais : la force du lien intergénérationnel

L’un des marqueurs forts de cette nouvelle phase est la mise en place d’un programme structuré de mentorat, porté par les Amazones elles-mêmes. Des amazones seniors encadrent des jeunes volontaires, femmes et hommes, pour garantir la qualité et la pérennité du système. Résultat : 31 AVEC de jeunes ont déjà été créées, mobilisant 868 membres, majoritairement des jeunes filles.

À travers ce modèle, les Amazones transmettent plus que des compétences : elles créent une culture de responsabilité, d’engagement et de transformation sociale durable.

Témoignages d’impact : quand la dignité retrouve ses droits

Derrière ces chiffres, des vies changent. Comme celle de Banhoro Zata, mère de six filles à Bouaké, qui, après avoir intégré une AVEC, a lancé une activité de taxi-moto dans un secteur traditionnellement masculin. En quelques mois, elle a augmenté ses revenus, gagné le respect de sa communauté, et emploie désormais deux jeunes. “Avant, on ne me consultait pour rien. Aujourd’hui, ma voix compte”, confie-t-elle avec fierté.

Ou encore celle de Salamatou, Amazone et présidente de la CPGRL, qui a obtenu l’installation d’un forage à Bétié grâce à son plaidoyer. Ce forage profite désormais à plus de 5 000 personnes dans le village et ses zones environnantes.

Amazones II, ce n’est pas juste un projet d’épargne. C’est une stratégie puissante d’inclusion économique, de justice sociale et de transformation communautaire, portée par des femmes, pour des femmes, avec les communautés.

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Les récits aussi. Ce modèle a fait ses preuves. Il est prêt à changer d’échelle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *